Au-delà des essais partisans de tous bords, les chercheurs en éducation se font aussi entendre. En témoigne par exemple le tout nouveau Dictionnaire de l’éducation (Puf, 2008) qui réunit l’ensemble des recherches en sciences humaines et sociales de ces dernières années, propres à éclairer les problèmes de l’école.
Quel est le véritable impact de la taille des classes ? Quels sont les effets du redoublement ? Quels sont les instruments des politiques d’éducation ? Toutes ces questions et bien d’autres sont traitées dans cet ouvrage consistant. Pour chacune des entrées, il offre la synthèse des recherches les plus récentes et les plus pointues, ainsi qu’une large ouverture sur les comparaisons internationales.
Directrice de recherche au CNRS, Agnès van Zanten, qui a dirigé l’ouvrage, publie dans la foulée avec Jean-Pierre Obin un « Que sais-je ? » sur La Carte scolaire, sujet éminemment brûlant de cette rentrée. Elle livre ici ses analyses sur l’école, au vu de son expertise de chercheuse.
Ce dictionnaire atteste de la fécondité des recherches en éducation. Mais on peut parfois se demander quel est leur impact. Sont-elles prises en compte par les acteurs de terrain et les décideurs ?
On peut dans un premier temps se montrer effectivement assez pessimiste lorsque l’on voit la place de la recherche dans les décisions politiques, dans la gestion administrative ou dans les pratiques pédagogiques. Cela tient, entre autres, au modèle français de décision qui fait primer les valeurs et les idéologies incarnées par les politiques, au détriment d’une posture de type anglo-saxon par exemple qui exige de rendre compte de ses actions par des bilans et des évaluations.
En ce qui concerne la pédagogie, on continue d’entendre par exemple dans les débats français que seul le charisme compte pour enseigner et que, par conséquent, les enseignants n’ont nul besoin d’être formés ! La place des savoirs scientifiques sur l’éducation dans la formation des enseignants est très faible et on ne saurait s’étonner qu’ils ne mobilisent pas ces connaissances dans leur classe. Précisons qu’il ne s’agit pas de vouloir développer un enseignement « rationnel » fondé sur les seules sciences humaines et sociales, mais on sait bien aujourd’hui que leur apport peut éclairer les pratiques pédagogiques ; tout comme la gestion du système ou la décision politique.