Trois questions à Olivier Oullier, Santé : mieux prévenir grâce aux sciences du cerveau ?

« Pour votre santé, évitez de manger trop gras, trop sucré, trop salé », « Fumer tue »… Autant de messages de prévention qui ont envahi l’espace public pour inciter la population à adopter des pratiques plus saines. Avec plus ou moins de succès. Le 16 mars 2010, Vincent Chriqui, directeur général du Centre d’analyse stratégique, remettait à Nathalie Kosciusko-Morizet, secrétaire d’État à la Prospective et au Développement de l’économie numérique, un nouveau rapport sur la prévention en santé publique. Coordonné par Olivier Oullier et Sarah Sauneron (responsables du programme « Neurosciences et politiques publiques »), son objectif est de montrer l’apport des sciences comportementales, cognitives et des neurosciences dans ce domaine. Assurément il vaut mieux prévenir que guérir. L’enjeu est de taille. Aujourd’hui, 15 % des enfants entre 5 et 11 ans sont en surpoids et 4 % sont obèses. Un chiffre en constante augmentation. Quant à la cigarette, elle est en France la première cause de mortalité évitable (66 000 décès par an).

Mais quelles sont les stratégies les plus efficaces ? Des chercheurs français et étrangers spécialistes du comportement du consommateur, de neurosciences, de psychologie ou d’économie comportementale ont tenté de répondre à cette question en mobilisant les études récentes. Avec pragmatisme. Pour la lutte contre le tabagisme, une étude américaine fait par exemple appel à l’imagerie par résonance magnétique fonctionnelle (IRMf) pour estimer l’activité cérébrale de fumeurs en fonction de l’intensité du message de prévention contre le tabagisme auquel on les expose. Si choquer le fumeur éveille son attention, l’informer sans le choquer « trop » permettrait de faire mieux retenir l’information. Attention donc aux idées reçues.