Troubles de l'attention chez l'adulte : le casse-tête du diagnostic Entretien avec Pascale de Coster

Le Trouble déficitaire de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDA/H) n’affecte pas que certains enfants. Il toucherait 3 à 4 % des adultes, selon les études. Or deux tiers d’entre eux ne sont pas diagnostiqués.


> Pascale de Coster

Co-auteure de Fanny découvre son haut potentiel (Erasme, 2018) Où ai-je la tête ? Mieux vivre son TDA/H en tant qu’adulte (Mardaga, 2019). Diagnostiquée TDA/H et fondatrice de l’association TDA/H Belgique, elle s’implique dans le soutien aux personnes touchées par cette pathologie.


Qu’est-ce que le TDA/H ?

Le TDA/H est un trouble de l’inhibition qui entraîne des difficultés à moduler les idées, les gestes, les émotions et les comportements. Il affecte la mise en œuvre et l’organisation, la vigilance, la mémoire de travail, l’effort constant et le maintien de la motivation. Il en existe trois formes : la forme inattentive, lorsque l’inattention prévaut ; la forme hyperactive-impulsive, quand l’agitation motrice et l’impulsivité dominent ; et la forme mixte, qui associe difficultés attentionnelles, hyperactivité motrice et impulsivité.

Dans quel cadre la notion de TDA/H est-elle née et comment a-t-elle évolué ?

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Dès 1798, le médecin écossais Sir Alexander Crichton décrit certains enfants incapables de rester concentrés sur des activités. Il nomme alors ce trouble « hyperactivité mentale ». Le psychiatre allemand Heinrich Hoffmann, en 1845, et le neurologue français Désiré-Magloire Bourneville, en 1897, décrivent des cas d’instabilité motrice chez des enfants, puis, fait nouveau, chez des adultes. En 1902, l’Anglais Georges Still effectue une première description clinique du TDA/H. Entre 1908 et 1925, de nombreuses études viennent appuyer l’hypothèse de Still selon laquelle une atteinte cérébrale expliquerait les comportements perturbateurs chez les sujets atteints. Bien plus tard, en 1972, la psychologue canadienne Virginia I. Douglas crée un précédent en mettant l’accent sur les problèmes de l’attention pouvant se manifester seuls. C’est également à cette période que les premières études chez l’adulte voient le jour. Après avoir été intitulé « réaction hyperkinétique » dans le Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (DSM-II) et « Trouble Déficitaire de l’Attention » dans le DSM-III, le terme de « TDA/H » apparaît pour la première fois dans le DSM, en 1987.