Deux hommes sont assis sous un arbre, dans un coin de campagne des environs de Jérusalem. Le boucher Aaron et son apprenti Esri portent l’habit sombre des juifs orthodoxes. Ils sont venus prendre un bain rituel dans un trou d’eau qui s’ouvre au-devant d’eux. Bientôt deux corps nus se chamaillent dans l’eau glacée. Toute la symbolique de Tu n’aimeras point est condensée dans cette scène gaie et sensuelle. Signe de purification, l’eau peut aussi bien évoquer la vie (la source) que la mort (les eaux dormantes). La même ambivalence traverse la religion qui enserre la vie des deux hommes. Dieu a créé le monde pour que les hommes en jouissent, affirme le Rabin lors d’une séance d’exégèse de la Torah. Aaron n’est pourtant pas satisfait de cette réponse. Dieu a créé le désir pour que les hommes résistent à la tentation, dira-t-il a Esri qui s’est dangereusement approché de lui. La police des mœurs de la communauté se chargera de leur rappeler que la chair est impure si elle n’est pas kasher, bénie par le Rabin et dûment ficelée dans les liens des mariages arrangés.
Marc Olano