Si un médecin doit se prescrire à lui-même un traitement face à une grave maladie, il ne choisira pas forcément le même qu’il préconiserait à ses patients. Prenons un exemple expérimenté par le professeur Peter A. Ubel, de l'Université Duke, auprès d’un groupe de 242 médecins. Supposons qu’un patient soit atteint d’un cancer du côlon. Deux options chirurgicales se présentent alors. Dans le premier cas le taux de mortalité est un peu plus élevé (20 %), mais les effets secondaires sont plus faibles. Dans l’autre cas, le taux de mortalité est plus faible (16 %), mais les effets secondaires très gênants : les risques de diarrhée chronique ou une colostomie (dérivation du colon vers une poche extérieure) sont par exemple plus fréquents. Parmi les médecins invités à répondre à un questionnaire, 38 % préféraient la première solution (plus de risque de mortalité, mais moins d’effets secondaires) pour eux-mêmes. Mais s’il s’agit de leurs patients, le taux de recommandation de cette formule tombe à 25 %. En d’autres termes, les médecins préféraient pour eux-mêmes un risque de mortalité plus élevé en échange d’une meilleure qualité de vie. Mais pour leurs patients, ce sont les chances de survie qui comptent avant tout.
Source : Physicians Recommend Different Treatments for Patients Than They Would Choose for Themselves, Peter A. Ubel et al. Archives of Internal Medicine, 2011; 171. [7]