Arthur P. Wolf, professeur d'anthropologie à l'université de Stanford, montre dans une étude récente que, jusqu'en 1930, 70 % des petites filles nées dans les villages du nord de l'île de Taiwan étaient, jusqu'à l'âge de 15 ans, données en adoption hors de leur famille d'origine.
Pour quelle raison ? Par des comparaisons chiffrées, il observe que ni la pauvreté, ni l'abondance d'enfants, ni la pression exercée par la famille sur le couple ne peuvent être invoquées. En fait, cette pratique s'inscrit dans le cadre de la famille patriarcale chinoise, où les filles ne sont pas héritières et les mariages peuvent être arrangés dès l'enfance. Dans 40 % des cas, en effet, la petite fille était remplacée par une étrangère à la famille, adoptée au titre de future épouse du garçon de la maison. Il s'avère donc que les mères acceptaient de céder leur propre enfant pour en élever un autre.