Nos désirs se conjuguent de multiples manières : envie de manger, de se reposer, fantasme sexuel ou rêve de grand amour, ambition professionnelle ou désir de tout plaquer pour refaire sa vie, etc.
D’où viennent tous ces désirs qui hantent nos consciences, souvent en secret ?
Désir et besoin
On distingue généralement le désir du besoin de deux manières :
Le besoin a une dimension organique et impérieuse : se nourrir, boire, se protéger d’une agression ou se soigner d’une douleur relève d’envies pressantes, liées à un déséquilibre organique immédiat (faim, soif, douleur) et qu’il faut satisfaire de façon impérative sauf à éprouver une souffrance. Le désir est une aspiration plus diffuse et moins pressante : on a « besoin » d’aller aux toilettes (ne dit-on pas « faire ses besoins » ?) alors que l’on désire aller au cinéma.
La seconde différence est que le besoin ne donne pas lieu à des élaborations psychiques élaborées. Une blessure déclenche une impression subjective (la douleur) et une intention (« écarter la source du mal ») ; le désir produit des représentations mentales plus sophistiquées : être enfermé (en prison, en classe, au bureau) donne envie de grand air et va déclencher en cascades des rêves d’évasion ou de voyage : dans les îles tropicales, au Tibet ou dans un grand périple autour du monde.
Pour Spinoza, l’essence de l’homme réside dans un type de désir qu’il nomme « conatus ». Le conatus, c’est l’effort que fait tout organisme pour persévérer dans son être. Cette envie de vivre, ne se limite pas, pour Spinoza, à un simple élément réalisation de besoins fondamentaux nécessaire à la vie (comme se nourrir, se reproduire), le conatus – l’effort pour vivre – est aussi un élan vital, une force motrice, une puissance de vie, une énergie intérieure qui pousse les organismes vivant à agir, se battre, s’affirmer face aux autres. Chez les humains, cet appétit de vivre s’accompagne d’images conscientes. Voilà ce qu’est le désir. Transformé par la conscience en volonté, le désir est l’essence même de l’être humain, nous dit Spinoza (voir encadré).