Un œil fermé et un pied estropié

« La nature est une source de richesse ambiguë et il est téméraire de l’étudier avec un œil fermé et un pied estropié ». Cette citation rapportée dans Le Sommeil, la conscience et l’éveil résume assez bien la philosophie de l’ouvrage. En effet, Michel Jouvet ne se prive d’aucune perspective pour aborder des concepts somme toute extrêmement complexes. De l’histoire à la philosophie, en passant par l’anthropologie, l’ethnologie, les neurosciences ou la psychanalyse, l’approche permet de saisir le caractère multidimensionnel des notions de sommeil, de conscience et d’éveil, ainsi que les liens étroits qui existent entre ces éléments. L’auteur aborde des questions aussi variées que : Qu’est-ce que la conscience ? Est-il possible de l’étudier ? Les animaux ont-ils une conscience ? L’éveil et le rêve sont-ils deux états différents ? En parallèle, les modèles récents, les limites du champ épistémologique, ainsi que les perspectives futures en matière d’exploration neuroscientifique de la conscience sont également développés. De nombreux éléments interpellent le lecteur. Par exemple, on peut comprendre l’organisation du sommeil et de ses cycles, et leur nécessité à la consolidation des souvenirs et au maintien de l’attention. Mais, ne s’est-on jamais demandé si être privé de sommeil ou ne pas dormir en raison d’une pathologie a les mêmes effets sur la mémoire et la vigilance ? De la même manière, on peut comprendre comment la caféine fait effet sur notre état d’éveil.