Il y a douze ans exactement, en janvier 2012 dans son numéro spécial n° 233, Sciences Humaines invitait ses lecteurs à « repenser tout ». L’année 2011 ayant été marquée par des évènements aussi inquiétants qu’inédits – révolutions arabes, tsunami au Japon, mort de Ben Laden, et scandale DSK –, nous constations que le monde craquait et « qu’un autre était en train d’accoucher ». Nous voici rendus en 2024 et on pourrait le reformuler autrement : 2023 fut l’année la plus chaude de l’histoire, la guerre est à nos portes en Ukraine, on tue massivement en Israël et en Palestine, et Gérard Depardieu est tombé de son trône. Pourtant, une différence saute aux yeux.
En 2012, il était encore pensable, comme le suggérait notre dossier, qu’une sorte de gouvernement mondial advienne un jour, et prenne en main le destin de la planète. Qui aujourd’hui oserait prédire cela ? Un peu partout dans le monde, les rivalités armées, politiques et culturelles imposent la division plutôt que la concertation. Or, dans le même temps, la menace d’un bouleversement climatique et environnemental ne cesse d’être annoncée par la communauté scientifique tout entière, tandis que ses effets déjà se font sentir, et surtout que ses causes se confirment : c’est à la civilisation industrielle qu’on doit le réchauffement de notre planète et, éventuellement, qu’on devra la catastrophe qui s’ensuit.