Une autre télévision est possible

Philippe Meirieu, Chronique sociale, 2007, 127 p., 8,50 e
Si, pour Philippe Meirieu, la télévision avait tous les moyens d’être un fabuleux outil de démocratie, il est triste de constater qu’elle est au contraire devenue « la caverne de Platon ». Le pédagogue file la métaphore : enchaînés devant notre poste, « nous adorons le grand marionnettiste qui nous fournit notre dose quotidienne d’illusion et de servitude ».
Les jeunes de 4 à 14 ans passent en moyenne 850 heures par an devant la télévision, soit autant qu’à l’école, rappelle le pédagogue. De l’autre côté de l’Atlantique, aux États-Unis, à 2 ans, 26 % des enfants ont une télévision dans leur chambre. Or chacun sait bien que ce qui se passe aux États-Unis annonce toujours avec quelques années de décalage les comportements en Europe. Lorsque l’on sait le pouvoir prescriptif du petit écran en matière de mode, de langage, d’habillement, de vision du monde, l’on est bien en droit de s’inquiéter, estime le pédagogue.
« La télévision bafoue le droit à l’éducation en diffusant sans précaution des images que les enfants ne sont pas prêts à recevoir : plus encore que la violence, plus encore que le sexe, c’est la vulgarité et la bêtise qui traumatisent les enfants », considère-t-il. P. Meirieu invite, en s’appuyant sur le coup d’essai innovant de la chaîne Cap Canal, à créer des télévisions qui débattent des projets locaux et remettent la citoyenneté à l’honneur. Il demande aussi de « repenser le CSA ». Une volonté ambitieuse, dont le pédagogue n’est pas tout à fait dupe. Reste, comme il le signale, qu’« on peut toujours espérer, il vaut mieux se battre ». Un livre engagé sur un sujet qui tient à cœur à son auteur.