Une méthode simple de lutte contre l'échec scolaire

Comment se fait-il que des élèves de 8 ans, qui ont acquis des notions de mathématiques en fin d'année scolaire, ont tout oublié à la rentrée suivante ? Se basant sur les travaux de Piaget, Orly Zucatto Mantovani De Assis, de l'université de Campinas, au Brésil, estime que les enfants ont mémorisé des données sans que leur intellect possède les structures capables de les assimiler et de les organiser.

Cet auteur a mis au point un programme d'éducation destiné à favoriser le développement global et harmonieux de l'enfant de 0 à 7 ans dans ses aspects affectif, cognitif, social et physique. « Il s'agit fondamentalement, écrit ce chercheur, de créer des situations qui suscitent des problèmes et mettent au défi la pensée de l'enfant, et qui produisent en conséquence des conflits cognitifs. » Par exemple, au lieu d'enseigner, le professeur doit encourager l'enfant à poser ses propres questions et à y répondre de sa propre initiative. Il doit susciter des contextes qui amènent l'enfant à tenter de prouver ses propres hypothèses et soulever des questions qui le fassent douter de ses conclusions. Ainsi, à « l'heure du cercle », les enfants partagent leurs idées et leurs sentiments avec les autres, ce qui les conduit à se rendre compte qu'il existe d'autres manières de concevoir le monde que la leur. Ce programme comporte également des moments où le professeur et les enfants s'auto-évaluent. Les commentaires du professeur sur lui-même permettent à l'enfant de réaliser que l'adulte n'a pas toujours raison, ce qui l'aide à développer une pensée autonome.

Mais quel est l'impact d'un tel programme ? On a comparé les capacités intellectuelles de deux groupes d'enfants de 5 à 6 ans, l'un ayant suivi un enseignement habituel, l'autre ayant bénéficié de ce programme pendant une année scolaire. Le bilan a été spectaculaire : en fin d'année scolaire, 148 élèves sur les 183 ayant suivi le programme ont atteint le stade opératoire concret (aptitude à raisonner logiquement) contre aucun sur 188 dans le groupe témoin. De plus, le bénéfice de ce programme était indépendant du milieu socio-économique des enfants, et s'est maintenu sur le long terme.