Comment être sûr que le monde extérieur existe ? Une des réponses classiques à cette sempiternelle question est : « Voici ma main ; donc le monde existe. » Est-ce suffisant pour faire cesser le doute ? Certainement pas. Le sceptique continuera à demander : comment êtes-vous sûr qu’il s’agit de votre main ? N’êtes-vous pas en train de rêver ? Ou encore, êtes-vous sûr de ne pas être uniquement un cerveau dans une cuve manipulée par des êtres malicieux ? À ce défi vieux comme la philosophie, Pascal Engel offre dans ce livre une réponse très argumentée s’appuyant sur la philosophie analytique de la connaissance. La force du sceptique est d’exiger des garanties à notre connaissance : comment savons-nous que nous savons ? Cette recherche des justifications de la connaissance est ce sur quoi bute depuis toujours le réaliste. Il est certain de la présence de sa main et de l’existence du monde extérieur, mais il ne peut exhiber de fondement indubitable à ce savoir. Pour sortir de cette impasse, la stratégie de P. Engel consiste à montrer que « savoir n’est pas savoir que l’on sait ». Du coup, l’attaque sceptique contre la connaissance devient inopérante. Savoir et être justifié étant deux choses différentes, le sceptique n’a plus aucune raison de demander comment je sais que j’ai une main puisque ce savoir ne dépend pas de sa justification. Cette conception externaliste de la connaissance ne mettra pas fin au scepticisme radical. Mais en déplaçant le problème, elle élève certainement le débat philosophique.
Marc Olano