De génération en génération, les valeurs des Français évoluent. Mais à quel point ? Cette question est posée par Olivier Galland, chercheur à l'Observatoire sociologique du changement. Malheureusement, les premières enquêtes sur les valeurs des Français ne datent que de 1981. On ne peut donc comparer les grands-parents, leurs enfants et leurs petits-enfants aux mêmes âges, générations entre lesquelles les différences de valeurs seraient sans doute les plus grandes. Les chercheurs en sont réduits à comparer ceux qui avaient le même âge en 1981, en 1990 et en 1999. Mais cela suffit pour faire apparaître des évolutions.
La permissivité semble être une valeur assez communément partagée par les Français : tolérance en matière de moeurs, baisse de l'importance accordée au travail, du crédit aux valeurs traditionnelles d'autorité, de fidélité, de fierté nationale... Néanmoins, chez les plus jeunes, on observe un recul de la permissivité. Par exemple, les jeunes d'aujourd'hui accordent un crédit beaucoup plus important à la fidélité dans le couple que ceux de 1981. Par contre, comme l'ensemble des Français, ils sont plus tolérants envers l'homosexualité d'autrui.
Il ne s'agit donc pas d'un retour pur et simple aux valeurs traditionnelles, puisque la tolérance à l'égard des comportements d'autrui reste élevée, et même augmente. Il semble en fait que, pour les jeunes d'aujourd'hui, la tolérance envers autrui doive être distinguée des choix éthiques pour soi. Ne croyant plus au caractère prescriptif des normes, les jeunes semblent devenus plus sévères dans l'autocontrôle de certains comportements privés. Ce que montre également O. Galland, c'est que, comme les plus âgés évoluent, eux, vers plus de permissivité et d'individualisme, on assiste en fait à un rapprochement des valeurs des différents groupes d'âge.
Références
O. Galland, « L'évolution des valeurs des Français s'explique-t-elle par le renouvellement des générations ? », in P. Bréchon (dir.), Les Valeurs des Français, Armand Colin, 2000.