Vers l’orient compliqué

Antoine Sfeir, Grasset, 2006, 192 p., 9 e.
Que sont venus faire les États-Unis en Irak ?, s’interroge Antoine Sfeir. On évoque des raisons économiques, telles le contrôle des ressources pétrolifères. Des motifs sécuritaires, comme la lutte contre le terrorisme ou la prolifération des armes de destructions massives. Et enfin des enjeux idéologiques, concoctés en grande partie dans les cercles d’influence néoconservateurs et évangéliques, qui subordonnent l’action militaire à des visées idéologiques : créer une démocratie irakienne, dont l’exemple permettrait de convertir les dictatures voisines aux vertus de la souveraineté citoyenne.
Toutes ces hypothèses se valent, observe l’auteur. Mais il en existe une autre, qu’il s’aventure à explorer après avoir brillamment restitué l’histoire mouvementée de cette région depuis un siècle. L’objectif de George W. Bush et de ses conseillers ne serait-il pas au final de favoriser la partition des nations du Moyen-Orient en entités ethniques, dont la multiplication sécuriserait pour longtemps l’Etat israélien ? Si l’Irak vole en éclats – chi’ite au sud, sunnite au centre, kurde au nord –, les mosaïques ethnico-religieuses que sont la Syrie et l’Iran en seraient affectés au point de voir leurs propres frontières menacées. Or ces deux pays sont à ce jour les seules puissances locales susceptibles à terme de menacer Israël.