Vers un monde plus coopératif ?

La coopération internationale a une histoire récente, liée au processus de mondialisation. Quoiqu’imparfaite, elle s’affirme, se sophistique, et transforme les relations entre États.

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Issue du socialisme préconisé par Robert Owen (1772-1832), la notion de coopération vise un principe d’association : des acteurs se groupent pour résoudre des problèmes d’intérêt commun. Si sur le plan international, cet espace d’activités n’est pas toujours facile à délimiter, il n’en existe pas moins. On peut y voir une sorte de « volontarisme organisé » : la reconnaissance de l’autre, l’action concertée, la recherche d’objectifs partagés sont autant de manières de coopérer. Elles n’excluent pas le conflit, mais elles tentent de le contenir dans un cadre accepté : une organisation internationale, des règles de droit, une négociation.

Le début des organisations internationales

L’histoire de la coopération internationale est récente. Le 19e siècle marque un tournant majeur avec un « décloisonnement total du monde », selon l’expression de l’économiste Paul Bairoch, et un resserrement spectaculaire des États et des sociétés sous la pression de l’industrialisation, de l’accélération des communications et de l’extension de la colonisation. Les contemporains prennent l’habitude de qualifier cette nouvelle configuration internationale comme « un espace d’interdépendance ». L’interdépendance des intérêts techniques, mais aussi politiques, économiques et sociaux, est au fondement de la création des premières organisations internationales. Leur caractère international ne doit pas faire illusion. Les principaux intéressés sont européens mais leurs ambitions, souvent teintées d’impérialisme, prétendent à l’universalisme. Ainsi en va-t-il des premières « Unions internationales » : télégraphique (1865), postale (1874), de la propriété industrielle (1883), de la propriété littéraire (1886), des tarifs douaniers (1890) ou les premiers réseaux de veille météorologique (1905) ou de protection internationale de l’hygiène publique (1907). Ces exemples résument insuffisamment l’effervescence des acteurs gouvernementaux et non gouvernementaux, dans les secteurs les plus divers, pour organiser leurs intérêts à la veille de la Première Guerre mondiale.