Vers une thérapie de l'échec ?

Maudire les autres, c’est d’abord se punir soi-même. Telle est la conclusion à laquelle est parvenu Carsten Wrosch, professeur au Département de psychologie de Concordia, qui s’intéresse aux effets sur la santé d’émotions négatives, comme l’amertume et le ressentiment. Ces derniers consistent à reprocher aux autres ses propres échecs. A la différence du regret, qui consiste à se reprocher à soi-même ses échecs, la personne qui éprouve de l’amertume les rumine, non en se blâmant elle-même, mais en accusant les autres ou les événements extérieurs. Parfois cette attitude peut se fossiliser durablement avec des conséquences fâcheuses pour le moral et les relations à autrui. Il y a longtemps déjà, le philosophe Max Schegel avait écrit un très beau livre sur le ressentiment (L’Homme du ressentiment, 1919). Il le décrivait comme « une certaine réaction affective dirigée contre un autre » et qui « pénètre en profondeur peu à peu au cœur même de la personne ». L’amertume se manifeste selon lui par une « exaspération obscure, grondante, contenue, (…) qui engendre petit à petit une longue rumination de haine ou d’animosité sans hostilité bien déterminée, mais grosse d’une infinité d’intentions hostiles. » Pour finir, le ressentiment durable conduit à un « auto-empoisonnement psychologique qui a des causes et des effets bien déterminés. »