Notre espérance de vie a fait un bond gigantesque au cours de ces dernières décennies. Il peut s’agir d’une nouvelle fort réjouissante si notre vieillissement ne rime pas fatalement avec déchéance physique et décrépitude intellectuelle. En bref, il ne suffit pas de donner des années à la vie ; il importe aussi, selon la devise de l’Association américaine de gérontologie, de donner de la vie aux années. Le terme de vieillissement « réussi », parfois dénommé « optimal », « heureux » ou « positif* », est employé dès les années 1940 par des chercheurs de l’université de Chicago. Il se caractérise par l’absence de maladies et handicaps, par de solides liens sociaux, et le maintien au long cours d’une activité physique et mentale. Mais selon Carol Ryff, de l’université du Wisconsin, il serait la combinaison d’un plus grand nombre de facteurs : l’acceptation de soi, de bonnes relations avec autrui, le maintien de son autonomie, la maîtrise de son environnement, la poursuite d’objectifs, et une certaine forme d’épanouissement personnel. Certains traits de personnalité semblent notamment prédestiner à bien vieillir, tout spécifiquement une tendance marquée à l’extraversion (particulièrement remarquée chez les centenaires relativement bien portants), une forte propension « naturelle » à l’optimisme, une grande curiosité d’esprit. Un sens aigu des responsabilités et de l’engagement, couplé à un fort sentiment de contrôle, s’avérerait aussi aidant, de même que le fait de se sentir généralement à l’origine de ce qui nous arrive et d’être intimement convaincu que les événements qui surviennent sont pour la plupart prévisibles, surmontables et vecteurs de significations (le sens de la cohérence).
Marc Olano