Du jeu au Je : Claudia et Miral, comédiennes
Qu’est-ce qui vous a amenées à accepter l’aventure théâtrale ?
Miral : Une femme du groupe et Tanya, l’éducatrice spécialisée de l’association Escale Solidarité Femmes, m’ont parlé du projet. J’étais en dépression, mais, même si je doutais d’apporter quelque chose, j’ai voulu essayer. Au début, je n’ai pas trouvé ma place. Ma fille pleurait à l’étage, je culpabilisais. De plus, j’avais des retenues face à un homme. Et la violence m’avait rendue négative. Peu à peu, j’ai pris du recul et je suis devenue plus positive. Je suis restée pour la richesse de l’expérience humaine.
Claudia : Moi, c’est par ma référente psychologue de l’Escale. Étudiante, j’avais aimé faire du théâtre. Mais là, on a poussé une porte ! On s’est retrouvé à évoquer des choses terribles comme un sujet normal. Sans jugement. Nos interlocuteurs n’étaient pas choqués. Cette simplicité nous a permis de porter un autre regard sur notre vécu douloureux.
Qu’entendez-vous, Claudia, par « pousser une porte » ?
Claudia : Faire la paix avec soi, se pardonner. J’étais remplie de colère contre moi, de m’être laissée piégée par quelqu’un de violent. J’avais perdu toute estime de moi-même. Les mots sur les maux libèrent déjà entre nous, mais face au public, c’est un pas de plus.
Quels ont été les moments difficiles et les moments forts ?
Claudia : Accepter la main tendue, c’était difficile pour moi. J’étais fermée comme une huître. En plus, le metteur en scène étant un homme, on scrutait toutes chaque geste, chaque propos. Et puis, me faire du bien, c’était un luxe que peu à peu je me suis autorisé.
Miral : La copine par qui j’avais intégré ce groupe a dû partir. J’étais culpabilisée de rester. Les autres aussi étaient mal. Hervé a senti notre difficulté. Il a parlé de l’engagement collectif. Nous avions déjà beaucoup donné et reçu. Aller au bout du projet pour partager au-delà de nous, c’était important.