Violences conjugales : partir, est-ce s'en sortir ?

La peur, les cris, les coups... Certaines femmes quittent cet enfer quotidien et revivent peu à peu... quand elles y parviennent.

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Révélée par la télé-réalité après avoir connu la rue, suite à la fuite de ce qu’elle nomme « l’horreur du foyer », Tatiana-Laurence Delarue publie en 2009 un premier ouvrage, Au nom des femmes battues, aux éditions Trédaniel. Dans ce qu’elle appelle un « vomissement littéraire », elle tente de vider sa colère, d’éloigner la peur de mourir, de laisser une trace, pour que son vécu si traumatisant ait un sens, aide les autres. Aujourd’hui animatrice et chroniqueuse télé et radio, présidente de l’association Rose-Jaune, qui a pour vocation de prévenir et dénoncer les violences conjugales, elle publie Dix ans après. Vivre heureuse après les violences conjugales, aux éditions Josette Lyon, déclarant être enfin guérie. Mais, comme dans un remake, elle revient très largement sur son passé douloureux. De ce présent si beau qu’elle évoque, aux côtés d’un mari aimant et compréhensif, elle ne dit pas grand-chose. Elle décalera d’ailleurs plusieurs fois notre rendez-vous, jusqu’à le décliner sans le dire explicitement.

L’envers du décor de celles qui ont réussi à s’enfuir, est-ce le déni d’un traumatisme bien présent même des années plus tard ? Dire aux autres femmes « J’y suis arrivée, vous y arriverez aussi » est un cri d’espoir sans doute, mais s’en sort-on vraiment un jour, et dans quel état psychologique ? A ces questions, posées également sur les réseaux sociaux, certaines s’insurgent, d’autres applaudissent et témoignent. Toutes me parlent davantage de l’horreur vécue que de leur nouvelle vie, toujours empreinte de peur. Au moins la peur que tout recommence... Beaucoup de femmes violentées, que ce soit physiquement ou psychologiquement, en attestent : il n’est pas rare qu’elles soient considérées comme masochistes, non seulement par les institutions mais aussi par d’autres femmes : celles qui considèrent, et elles sont légion, qu’à elles, ça n’aurait jamais pu arriver. Si elles sont restées, parfois avec des enfants, c’est bien qu’elles aiment ça, non ?