Viols : Quand le danger vient de son partenaire

En France, la moitié des femmes violées le sont par leur conjoint. Il est rarissime qu’elles portent plainte. Pourquoi un tel tabou ?

Selon les principales données sur les violences au sein du couple, y compris sexuelles, publiées en novembre 2014 par l’Observatoire national des violences faites aux femmes  1, 86 000 femmes de 18 à 75 ans sont victimes de viols ou de tentatives de viols chaque année en France et, dans 86 % des cas, la victime connaît son agresseur. 10 % seulement des victimes déclarent avoir porté plainte. Quant aux viols conjugaux, ils représentent la bagatelle de 50 % des viols sur femmes adultes et seuls 2 % d’entre eux font l’objet de plaintes. C’est dire si les femmes se taisent, tant le sujet est tabou. Le « devoir conjugal » se mariant depuis toujours à la « présomption de consentement », il a fallu du temps et beaucoup de souffrances pour que le législateur s’en mêle. Le fait d’être conjoint ou ex-conjoint ne constitue une circonstance aggravante du viol que depuis 1996. Il a fallu attendre 2006 pour que le viol entre époux soit légalement reconnu, et 2010 pour que le consentement a priori des conjoints aux relations sexuelles ne figure plus dans les textes de loi. Enfin, désormais, la convention d’Istanbul qui date de 2011  2 reconnaît aussi comme un viol le fait de contraindre une personne à subir un viol par une autre personne. La loi a donc, ces dernières années, bien avancé. La violence sexuelle au sein du couple a-t-elle pour autant régressé ? « La loi du silence, le déni, l’absence de reconnaissance et l’abandon des victimes de viol règnent encore en maîtres », commente Muriel Salmona, psychiatre traumatologue, présidente-fondatrice de l’association Mémoire traumatique et victimologie et auteure de Violences sexuelles, les 40 questions-réponses incontournables (Dunod, 2015).