Pourquoi vous êtes-vous, en tant que psychanalyste, intéressée aux dépendances affectives, alors que la psychanalyse a longtemps ignoré ce domaine ?
Traditionnellement, les problèmes d’attachement ne font pas partie du champ de la psychanalyse. Freud, qui a très bien su se mettre à l’écoute de sa problématique sexuelle personnelle, a projeté celle-ci sur autrui, pour la généraliser et ainsi développer ses théories. Par conséquent, pour les psychanalystes orthodoxes, toute difficulté ou névrose a une origine sexuelle ou est liée au complexe d’Œdipe. Cependant, dans ma pratique, j’ai longtemps observé que de nombreux patients, malgré de longues années d’analyse, ne comprenaient toujours rien à ce fameux complexe ; ils restaient en grande souffrance et présentaient des problèmes de séparation de couple, de départs, d’indécision par rapport au travail, de deuil impossible à résoudre.
Chez qui retrouve-t-on des dépendances affectives ?
Je crois que la dépendance affective est la souffrance humaine la mieux partagée. Elle n’est pas nécessairement pathologique. Pourtant, elle peut devenir problématique lorsque des événements ou des émotions sont refoulés ou interdits. Il arrive aussi parfois que la dépendance affective soit dissimulée sous des comportements d’indépendance affichée.