Virginie Tournay : Biopolitologue

Chercheuse en biologie et en politologie, Virginie Tournay aborde la vie et la mort des institutions comme s’il s’agissait d’une espèce vivante.

La sociologie des institutions (l’étude sociologique du fonctionnement d’un groupe institué, d’une association loi 1901 à l’Onu en passant par l’Etat) connaît un regain d’intérêt certain. La disparition en 2009 de Jacques Lagroye, précurseur de l’introduction des sciences humaines et sociales dans cette discipline, longtemps formatée par un juridisme canonique, a ravivé les enjeux méthodologiques. En mars, sort le journal de bord de la sociologue Dominique Schnapper, membre du Conseil constitutionnel durant neuf ans, actrice des délibérations et de sa vie quotidienne, et en même temps observatrice scientifique d’un système qu’elle a pu apprécier dans différentes dimensions. Une autre méthodologie originale de compréhension des institutions est apparue, qui s’inspire de celle de la recherche en biologie. Dans les années 1990, la jeune biologiste Virginie Tournay étudiait les cultures de cellules. Sur la paillasse, ses myriades cellulaires lui posaient le même problème qu’aujourd’hui, politologue (CNRS/IEP-Grenoble) : quelles formes les institutions revêtent-elles ? Car selon une hypothèse qu’elle travaille avec ténacité, l’institution humaine est « un phénomène vivant » et, qui plus est, observable directement.