Pour beaucoup, l’expérience de la rue, celle que vivent au quotidien ceux que l’on nomme pudiquement les sans domicile fixe, est une chose purement abstraite. Pascale Pichon a voulu y voir de plus près et elle a partagé pour ce faire la condition de ces laissés-pour-compte. Les premiers chapitres de l’ouvrage offrent quatre portraits d’hommes qui racontent comment leur vie a basculé et comment, au jour le jour, ils prennent désormais en main leur fragile destinée. En montant ensuite en généralité, P. Pichon montre que l’expérience de la rue est celle d’une identité « sous tension » qui expose à toutes les contradictions. L’alcool, par exemple, aide à tenir mais n’est pourtant qu’un expédient dont personne n’ignore les effets délétères. Forme de désengagement social, le fait de vivre de la manche et des expédients publics n’a rien à voir non plus avec la passivité que véhiculent les clichés sur la mendicité. Vivre dans la rue oblige à surmonter les obstacles les plus variés (bruits, odeurs, promiscuités…) et à apprendre à s’engager socialement pour que les routines de l’activité mendiante aient un minimum d’efficacité.
Pour s’en sortir, les gens de la rue ne doivent pas simplement bénéficier d’un heureux coup du sort matériel. C’est aussi une véritable reconquête subjective, qui engage à davantage de considérations et d’appels à la responsabilité de soi-même, que nécessite la fin d’une carrière de la survie. Un bel ouvrage sur un sujet toujours d’actualité.
Pour s’en sortir, les gens de la rue ne doivent pas simplement bénéficier d’un heureux coup du sort matériel. C’est aussi une véritable reconquête subjective, qui engage à davantage de considérations et d’appels à la responsabilité de soi-même, que nécessite la fin d’une carrière de la survie. Un bel ouvrage sur un sujet toujours d’actualité.