William James ouvre son laboratoire (mais n'expérimente pas) 1875, Cambridge

Comment peut-on être psychologue ?

William James (1842-1910) et son frère Henry, futur grand écrivain, bénéficient d’une éducation cosmopolite et en partie européenne, sous l’égide d’un père qui, pour obliger leur esprit à s’ouvrir sans cesse, s’évertue à ne jamais les laisser longtemps au même endroit. Ce qui explique peut-être l’éclectisme dont William fera preuve toute sa vie, au prix parfois d’une certaine versatilité. Il obtient son diplôme de médecin en 1869 mais n’exerce pas. Tout l’intéresse, notamment la peinture, la neurologie et la chimie, mais il demeure mélancolique et velléitaire. Rien n’aboutit vraiment. Trop de capacités, peut-être… En 1870, la lecture du philosophe français Charles Renouvier lui sert de déclic : rien ne sert de chercher sa destinée, il n’y a rien à trouver mais tout à construire. Plutôt que se plier à la providence, il faut exercer son libre arbitre. En 1872, il commence à enseigner la physiologie à Cambridge, à l’université Harvard. En 1875, dans les sous-sols, il ouvre le premier laboratoire de psychologie au monde, avant celui de Wundt. C’est alors une nouveauté totale, presque une incongruité. Mais James y enseigne, quand Wundt y expérimentera. Le premier laboratoire américain proprement expérimental de psychologie sera fondé par un élève de Wundt, Stanley Hall, en 1883, à l’université Johns Hopkins. Dans la foulée de James et Hall, 24 universités américaines délivrent un diplôme de psychologue deux décennies plus tard.

• William James. Les Empêcheurs de penser en rond, 2003. • David Lapoujade. Les Empêcheurs de penser en rond, 2007.