Avec cinq ans de recul, quels sont les acquis et les lacunes de la loi française du 11 février 2005 ?
C’est une loi qui a apporté beaucoup d’espoir, et qui a mis un temps relativement bref à monter en puissance. Elaborée autour des personnes concernées, elle doit cependant évoluer avec leurs besoins. Avec les associations, je veux donc faire l’inventaire de ce qui reste dans l’ombre, pour attirer l’attention des pouvoirs publics. Dans le domaine de l’insertion professionnelle, par exemple, le réflexe n’est pas encore acquis par les entreprises : la personne handicapée n’étant pas un virtuose de la productivité, beaucoup d’employeurs préfèrent se dédouaner de leurs obligations en payant une contribution. Je vois néanmoins les DRH de grands groupes industriels et commerciaux se réunir régulièrement pour faire évoluer ce problème à l’intérieur de leur entreprise, ce qui est inédit. Quant aux maisons départementales des personnes handicapées (MDPH), au-delà du financement, leur fonctionnement même pose des problèmes. Le démarrage a été plus laborieux que je le pensais. L’erreur, me semble-t-il, est d’avoir mis sous le même toit des gens venus d’horizons professionnels et de cadres administratifs différents. En matière de soins, des personnes restent souvent sans solution, malgré la loi. Il faut aussi aller plus loin dans la professionnalisation des intervenants comme les auxiliaires de vie, par exemple. Enfin, des progrès sont encore nécessaires pour assurer un revenu d’existence plus digne.