7 milliards de scientifiques

Grâce à Internet et aux smartphones, de nombreux citoyens participent désormais à des travaux scientifiques. Une réponse possible à la diffusion des fake news ?

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Tous les ans, Mélanie informe l’Observatoire des vers luisants de l’apparition des lucioles dans son jardin d’Eure-et-Loir. La jeune femme, qui souffre d’une forme légère d’endométriose, répond également à des questionnaires de santé pour nourrir une base de données sur les maladies chroniques. Récemment encore, Mélanie – qui a tout juste 30 ans – s’amusait avec Sea Hero Quest sur son smartphone : ce jeu connecté permet aux chercheurs d’étudier les facteurs prédictifs de la maladie d’Alzheimer.

Comme Mélanie, nous sommes de plus en plus nombreux à participer à des projets scientifiques. Certains ne demandent que quelques minutes par an. D’autres requièrent un investissement intense. Avec à la clé de vraies publications scientifiques : il y a quelques mois, des chercheurs ont publié dans la revue PNAS la première estimation mondiale du nombre d’oiseaux sur Terre – environ 50 milliards. L’article se fondait notamment sur eBird, base de données collaborative lancée par le Cornell Lab of Ornithology.

La participation des amateurs est ancienne. Nathalie Richard, professeure à l’université du Mans, codirige un programme de recherche intitulé « Amateurs en science (France 1850-1950) ». Elle s’est intéressée aux collections constituées par des amateurs aux 19e et 20e siècles. Leur rôle est méconnu, car il a laissé peu de traces. Pour le reconstituer, il faut parcourir les réserves des musées, retracer les filières, remonter les parcours. Mais il a été central pour nombre de musées de sciences naturelles ou d’archéologie. Des amateurs ont aussi été à l’origine d’avancées conceptuelles. La notion de « territoire », centrale en éthologie, est forgée par le Britannique Eliot Howard (1873-1940), un directeur d’aciérie qui consacre son temps libre à l’observation des fauvettes. Dans un autre genre, l’ingénieur Charles Janet (1849-1932) étudie aussi bien les fourmis que la chimie, parallèlement à son emploi dans une brosserie, et met au point une classification atomique, précurseure du tableau périodique des éléments de Mendeleïev, comme le retrace l’historien Loïc Casson. Ses travaux font l’objet de diverses communications à l’Académie des sciences.