C’est le nombre de nouvelles communes créées en France depuis 2012. La carte de France des communes est en effet loin d’être immuable, explique le géographe Gabriel Bideau. Nées lors de la Révolution française sur la base des anciennes paroisses, elles sont passées entre 1789 et 1851 de 40 000 au chiffre sacro-saint de 36 000 (en réalité 36 800), pour des raisons pragmatiques de taille. On assiste ensuite au développement des intercommunalités dès la fin du 19e siècle avec la création des premiers syndicats intercommunaux (un mouvement quasiment systématique aujourd’hui). Dans les années 1970 ont lieu les premières fusions-associations. Enfin, depuis 2012, une nouvelle étape est franchie avec la possibilité de former, par regroupement, des communes nouvelles. Voici qui répond à un problème d’échelle : G. Bideau rappelle qu’en 2000, « environ la moitié des communes comptait moins de 500 habitants et 80 % en avaient moins de 2000 ». Bénéficiant d’un coup de pouce fiscal incitatif bienvenu dans une période de restrictions budgétaires, les communes nouvelles permettent de mutualiser les ressources et compétences locales. Pour des raisons symboliques, les anciennes communes peuvent subsister dans la nouvelle entité, sous le nom de « communes déléguées ». Elles conservent alors certaines prérogatives comme l’état civil. À ce jour, 1 731 communes ont joué le jeu, donnant naissance à 800 nouvelles entités. Certaines ont été l’occasion d’innovations onomastiques, qui offriront aux cruciverbistes de nouvelles occasions de réflexion – lorsqu’il s’agira par exemple de trouver le nom des habitants d’Entre-Vignes ou d’Ô-de-Selle…
Gabriel Bideau, « Les communes nouvelles françaises (2010-2019) : une réforme territoriale silencieuse », Annales de géographie, n° 728, 2019/4.