Le cerveau humain est, dit-on, l’objet le plus complexe de l’univers : une formidable machine qui sert à parler, à rêver, à créer, à penser et à imaginer.
Est-ce vraiment si sûr ? Si c’était le cas, pourquoi des milliers d’espèces animales – de l’escargot à la tortue, de la taupe au mouton – possèdent-elles un cerveau en parfait état de marche alors qu’elles ne sont pas réputées parler, penser ou imaginer ? À vrai dire, quand on le regarde avec le recul de l’évolution, le cerveau apparaît moins comme une machine à penser qu’une machine à vivre. De cette fantastique machine, la pensée n’est qu’un dérivé auxiliaire apparu chez de rares espèces et surdéveloppé chez l’une d’entre elle : la nôtre. Pour comprendre sa raison d’être et ses fonctions, il faut d’abord replonger dans l’histoire évolutive du cerveau et de ses fonctions de base.
Le cerveau de la méduse
Les animaux sont, comme leur nom l’indique, des êtres « animés » : ils doivent se déplacer pour se nourrir. Et pour cela, ils ont besoin à la fois d’organes de locomotion (pattes, ailes, nageoires) et d’organes de perception (toucher, odorat, vue, ouïe, goût, etc.). Voilà la première fonction d’un cerveau : recevoir des informations de l’environnement et commander des actions.
L’un des systèmes nerveux les plus simples du monde animal est celui de la méduse. À vrai dire, la méduse n’a pas vraiment de « cerveau », mais un réseau de neurones distribués sur tout le corps. Son corps lui-même n’est pas très sophistiqué : il ressemble à un grand sac de gelée, avec un seul trou (qui sert à la fois de bouche et d’anus) et des tentacules. La méduse n’en reste pas moins un redoutable prédateur, qui se nourrit de zooplancton et se défend de ses agresseurs grâce à ses cellules urticantes. Son système nerveux lui sert à la fois de moyen de locomotion (qui se contracte spontanément comme les battements de notre cœur) et de détection (des prédateurs, des proies).