Pourquoi la question de l’interprétation du Coran apparaît-elle aussi centrale et urgente dans les débats sur l’ancrage de l’islam dans la modernité ?
Avant tout parce qu’elle est nouvelle. L’islam souffre d’un déficit de plusieurs siècles durant lesquels la non-interprétation du Coran a prévalu. Alors que l’exégèse coranique a été d’actualité tout au long de son histoire première. Pour adapter l’islam à notre temps, il nous faut retrouver la créativité des anciens. Cette nécessité a été ressentie avec la même urgence par les intellectuels qui ont suscité la Nahda, le réveil de la pensée musulmane, à la fin du XIXe siècle. Il faut, à chaque période, forger les outils de réflexion appropriés aux enjeux contemporains, dans un double mouvement d’adaptation et d’accommodation : adapter le Coran à la modernité et lire la modernité en fonction de ce que dit le Coran. Aujourd’hui, nous n’en sommes qu’au début d’un questionnement.