Adolescence : le chaos émotionnel

La fragilité psychique et émotionnelle des ados les rend vulnérables. Certains auteurs parlent de crise « borderline ». Que recouvre ce terme ?

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Anita 1 a 16 ans. Elle vient d’être admise à l’hôpital psychiatrique parce qu’elle s’est enfoncé un couteau dans la cuisse lors d’une dispute avec son père. Anita a pris l’habitude de s’automutiler depuis plusieurs semaines. Elle est très en colère contre sa mère, partie vivre à l’étranger alors qu’elle avait 6 ans, la laissant avec un père parfois maltraitant. Comme environ 10 % des adolescents (contre 2 % des adultes), Anita présente un trouble borderline.

Dépasser la limite

Le mot est apparu en 1884, sous la plume du psychiatre Charles Hamilton Hugues. Ce dernier décrit des patients au bord de la folie (d’où le terme borderline, souvent traduit par « limite »). Tantôt ils semblent en bonne santé mentale, tantôt ils basculent dans un état semblable à la psychose (caractérisé par une perte de contact avec la réalité et d’importants troubles de la relation). Si le terme a longtemps été un fourre-tout, il est aujourd’hui mieux défini. Dans La Personnalité normale et pathologique (3e éd., 2011), le psychanalyste Jean Bergeret lui attribue des caractéristiques spécifiques (angoisse d’abandon, image de soi dégradée, relations fusionnelles…). Aujourd’hui, le Manuel diagnostic et statistique des troubles mentaux (DSM-5), qui sert de référence, mentionne un « trouble de la personnalité borderline », marqué par une instabilité dans trois domaines : les relations, l’image de soi et les émotions.