Né à Londres en 1842, Alfred Marshall est promis à une carrière dans le clergé anglican, mais il repousse le projet parental pour se tourner vers l’étude des mathématiques. Il se passionne rapidement pour la métaphysique et l’économie, et devient assistant en sciences morales puis enseignant en économie à la prestigieuse université de Cambridge. Ses lectures des pionniers de l’approche néoclassique – l’Anglais Stanley Jevons (1835-1882), le Français Léon Walras (1834-1910) ou encore l’Allemand Carl Menger (1840-1921) – imprégneront sa pensée. Dans ses enseignements comme dans ses écrits, il prend le relais de ces économistes en propageant et en étoffant la pensée néoclassique. Ses célèbres Principes d’économie politique, publiés en 1890, connaissent huit rééditions de son vivant et lui confèrent une place de maître à penser en Angleterre, mais aussi à l’international.
Équilibre général contre équilibre partiel
L’économiste Léon Walras, représentant de la première génération des néoclassiques, traite l’économie à travers le prisme de l’équilibre général, c’est-à-dire qu’il prend en compte l’équilibre entre l’offre et la demande pour l’ensemble des marchés. Perplexe quant au raisonnement déductif d’une telle démarche, A. Marshall fait un pas de côté et s’intéresse à l’équilibre partiel, c’est-à-dire portant un seul marché à la fois : le marché des chaussures, le marché du livre…