Altered Pasts

Altered pasts
. Counterfactuals
 in history
. Richard J. Evans
, Little-Brown, 2014, 208 p., 20 €.

Que se serait-il passé si Napoléon avait remporté la bataille de Waterloo ? Que se serait-il passé si l’archiduc d’Autriche n’avait pas été assassiné à Sarajevo en juin 1914 ? Que serait-il arrivé si l’armée allemande avait gagné la bataille de Leningrad durant la Seconde Guerre mondiale ? Ce type de spéculations est ancien. Déjà Pascal écrivait que si le nez de Cléopâtre avait été plus court, la face de la Terre aurait changé. Mais ces spéculations, qui relèvent d’un genre appelé « histoire contrefactuelle », n’ont jamais été prises au sérieux par les historiens. Pendant longtemps, elles n’ont d’ailleurs pas eu d’autre prétention que de divertir ou d’offrir une leçon de morale.

Pourtant, selon l’historien Richard Evans, tout change dans les années 1990, en particulier dans le monde anglophone. L’ambition de l’histoire contrefactuelle est désormais de mettre à jour des alternatives vraisemblables à ce qui s’est réellement passé. Cette nouvelle prétention s’appuie sur l’idée que l’histoire est une succession d’événements contingents et que les décisions ou actions de certains personnages, quand ce ne sont pas de petits aléas de la vie quotidienne, jouent un rôle déterminant dans le déroulement de ces événements. Les historiens qui pratiquent ce type d’histoire manifestent ainsi leur aversion pour l’idée de déterminisme historique, dans laquelle beaucoup voient l’expression d’une vision de l’histoire de type marxiste. À sa place, ils mettent en avant le libre arbitre des acteurs historiques et la contingence des événements.