À la différence des parasciences et des savoirs traditionnels, l’alterscience, ciblée dans ce livre par Alexandre Moatti, est produite par des esprits formés aux disciplines scientifiques, voire pourvus d’une solide confiance dans leur avenir. Oui mais voilà, leur chemin les écarte, parfois définitivement, des théories les mieux admises, auxquelles ils préfèrent… les leurs. Rien de plus normal, dira-t-on : la connaissance ne progresse-t-elle pas à force de critiques et de réfutations ? Les cas présentés dans ce volume semblent d’abord hétéroclites : des ingénieurs fâchés avec la théorie de la relativité, d’autres avec Isaac Newton et l’astrophysique en général, des créationnistes résolus à en finir avec Charles Darwin et Galilée, des technolâtres hostiles à la physique quantique, des philosophes en mauvais termes avec les académies… Tout l’art de l’auteur est de montrer ce qu’il y a de commun dans ces figures dissidentes et qui les rend aussitôt moins sympathiques : dogmatisme, enflure théorique, agressivité et parfois même paranoïa évidente. Il devient évident que dans la plupart des cas présentés, la science n’est qu’un instrument au service d’une religion, d’une idéologie politique dangereuse ou d’un égocentrisme hors du commun. Pourtant, ils revendiquent une place au palmarès académique et s’ils ne l’obtiennent pas, créent leurs propres institutions et sociétés savantes, en criant au complot. Certains d’entre eux sont connus (Gustave Le Bon, Immanuel Velikovsky), d’autres moins (Jacques Vallée, Hans Hörbiger).
Alterscience
Alterscience . Postures, dogmes, idéologies . Alexandre Moatti , Odile Jacob, 2013, 334 p., 23,90 €.