Des « gendres idéaux », Guy Tonella en a vu défiler dans son cabinet. Ces patients tout en retenue, aux émotions corsetées, dont la capacité à s’opposer a été réprimée durant l’enfance. Le cas classique. Son approche thérapeutique l’est moins. Au lieu de ne prêter attention qu’aux maux qui parlent à travers les mots, comme souvent en psychanalyse, ce bioénergéticien se concentre sur les tensions musculaires incrustées dans le corps. « C’est seulement en relâchant ces postures que quelqu’un peut s’en libérer », affirme Guy Tonella, auteur, avec Vita Heinrich-Clauer, de Aux fondements des thérapies psychocorporelles. L’analyse bioénergétique de Lowen à nos jours (2018).
Formé auprès du psychothérapeute américain Alexander Lowen (encadré), ce praticien a très vite pris ses distances avec l’approche traditionnelle. « Pour arriver à un changement, il ne suffit pas de comprendre ce qui s’est passé dans l’enfance, avance G. Tonella. Encore faut-il libérer les émotions qui restent prisonnières à l’intérieur du corps. La tristesse, la colère, la peur et la culpabilité ne sont pas seulement enfermées dans un système psychique, mais dans l’organisme. Il est donc indispensable de permettre au corps de relâcher les tensions qui retiennent ces émotions. »
Sans renoncer à élucider les lapsus ni à explorer les associations d’idées, l’analyse bioénergétique récuse le primat accordé à l’esprit. Une critique en règle de l’héritage freudien formulée dès les débuts de la psychanalyse. Alors que « Freud pensait pouvoir résoudre les problèmes humains par le seul abord psychologique et verbal, son disciple Wilhelm Reich montre très tôt que ce modèle a ses limites : apprendre à connaître l’origine de ses difficultés et exprimer verbalement ses sentiments retenus est nécessaire mais non suffisant », insiste G. Tonella dans la préface de son livre.