Faut-il considérer Michel Foucault comme un philosophe ou comme un historien ?
Cette distinction me paraît presque inopportune. L'évidence est que Michel Foucault est un philosophe qui, dans certaines œuvres (Naissance de la clinique, Histoire de la folie à l'âge classique, Surveiller et punir, Moi, Pierre Rivière... : un cas de parricide au XIXe siècle, Le Désordre des familles), s'est intéressé à l'histoire comme problème philosophique, socle opératoire pour avancer sa réflexion sur toute organisation des systèmes de pensée. Derrière les mots, Michel Foucault montre comment pratiques et discours produisent une autre réalité. Ainsi, pour M. Foucault lui-même cette question sur la philosophie et l'histoire semble inadéquate, tant ces deux disciplines se trouvent interrogées et mêlées dans chacun de ces ouvrages.
En quoi ces livres se démarquent-ils de la pratique des historiens, et d'où vient le long différend, ou le silence, que lui opposèrent ceux-ci ?
C'est assez simple, mais en même temps, pour répondre à cette question, il faut bien mettre au jour la naissance du malentendu avec les historiens. Car c'est de ce malentendu persistant que la fracture s'est faite, alors que - et cela simultanément - l'oeuvre du philosophe marquait énormément les historiens.