Né à Ryde (Royaume-Uni) en 1877, Arthur Victoria Cecil Pigou est admis au King’s College de Cambridge où il remporte plusieurs prix académiques. Il y prend la succession d’Alfred Marshall (1842-1924) et occupe le poste de son mentor jusqu’en 1943. Il collabore avec de nombreux économistes, dont John Maynard Keynes (1883-1946), avec lequel il se lie d’amitié malgré leurs différends intellectuels. Son ouvrage le plus célèbre, L’économie du bien-être (1920), inaugure un champ d’étude éponyme en sciences économiques.
Le bien-être individualiste
A. Pigou associe le bonheur et le confort à la consommation de biens et de services. L’économie du bien-être consiste « en cette catégorie de satisfactions et d’insatisfactions qui peuvent être mises en rapport avec une mesure monétaire ». Ainsi, plus un individu achète et consomme et plus il va être heureux. Selon cette vision matérialiste, l’accroissement des biens économiques disponibles va donc dans le sens d’une augmentation du bien-être. Ce modèle repose sur une hypothèse éminemment individualiste : la personne est seule juge de son bonheur, qu’elle cherche à accroître ; le bien-être de la société en général correspond donc à une addition des satisfactions individuelles. D’une manière assez discutable, A. Pigou exhorte tous ses détracteurs qui ne sont pas d’accord avec cet axiome de lui apporter la preuve du contraire.