Bertil Ohlin soutient sa thèse sur le commerce international sous la direction d’Eli Heckscher en 1922. Il fait parvenir une version résumée aux économistes en vue à l’époque, dont les Anglais Francis Edgeworth (1845-1926) et John Maynard Keynes (1883-1946). Ce dernier indique dans une note d’évaluation de publication rédigée pour The Economic Journal : « Cela ne correspond à rien et devrait être refusé. » Malgré cet échec, B. Ohlin poursuit ses efforts sous les auspices d’E. Heckscher, son professeur d’économie à l’université de Stockholm, auquel il succédera en 1930. Trois ans plus tard, il reprend l’article intitulé « Les effets du commerce extérieur sur la répartition des revenus » qu’a écrit en 1919 son mentor, et publie l’article « Commerce inter-régional et international », qui constitue l’aboutissement de ses réflexions. Cet écrit lui permet d’accéder à une reconnaissance mondiale grâce à la prise en compte de l’intensité des dotations factorielles spécifiques à chaque pays. La consécration finale viendra en 1972, année où ses travaux seront récompensés du prix Nobel d’économie.
Le facteur travail et le facteur capital
Les économies nationales, pour produire les biens consommés par leur population, ont toujours besoin des mêmes « ingrédients » : le travail (offert par la main d’œuvre), le capital (machines, outils, matériel de transports) et la terre (qui a été éclipsée dans l’approche moderne de la théorie du commerce international). Tous les pays disposent à différents niveaux de ces éléments, en quantité comme en qualité. À chaque facteur de production correspond donc un niveau (aussi appelé « intensité » par les économistes) qui, pour chaque économie, forment avec les autres « ingrédients » une combinaison. L’intensité n’est pas absolue, mais relative, autrement dit elle se jauge en comparaison à celle d’autres territoires : la Chine dispose par exemple de plus de main d’œuvre que de capital comparativement à l’Allemagne. Elle a donc une intensité en facteur travail plus importante.