Au printemps, des membres de la Commission européenne qui travaillent sur le Pacte vert, dont l’ambition est de faire de l’Europe la première région du monde neutre pour le climat, font une marche méditative en forêt, près de Bruxelles. Objectif : se reconnecter à sa nature intérieure pour réduire l’écoanxiété et être capable de mieux relever les défis du dérèglement climatique. Ce programme, précise le quotidien britannique The Guardian, permettrait de passer plus facilement à l’action, en régulant ses émotions, grâce à la méditation de pleine conscience ou mindfulness.
Développée dans les années 1970 par Jon Kabat-Zinn, la pleine conscience, délestée de sa dimension spirituelle, déferle sur la planète à partir de 2010. Le magazine Time lui consacre sa une en février 2014, titrant : « La révolution de la pleine conscience, la science de l’attention dans une société stressée et multitâche ». La méditation est désormais partout : en centres de désintoxication pour jeunes hyperconnectés, lors d’entraînements d’équipes de basket-ball ou de militaires, en entreprise ou en prison. Elle se niche jusque dans nos smartphones par le biais d’applications numériques comme les américaines Calm et Headspace ou la française Petit Bambou. Au total, le marché des applications de méditation pourrait atteindre près de 2 milliards d’euros d’ici 2025 et celui de la pleine conscience 8,5 milliards d’euros d’ici 2027, selon le site Finances On Line. Comment expliquer qu’une pratique ancestrale issue du bouddhisme suscite une telle frénésie ?
La définition que J. Kabat-Zinn donne de la pleine conscience fait figure d’orthodoxie : la conscience qui naît de l’attention portée délibérément au moment présent et sans jugement. En se concentrant sur la respiration, il s’agit de porter l’attention sur le corps et l’esprit tels qu’ils sont à l’instant présent, et d’aider ainsi à soulager la douleur, tant physique qu’émotionnelle.