Carl Menger (1840-1921) L'individu au centre

L’œuvre de Carl Menger s’attache à comprendre les motivations individuelles des agents économiques et leurs interactions. C’est un pivot intellectuel qui le met sur le chemin de la révolution marginaliste.

À l’issue d’une enfance privilégiée dans une famille de la bourgeoisie viennoise, C. Menger découvre les réalités sociales après des études de droit, en devenant journaliste puis haut fonctionnaire. Il est frappé alors par le retard croissant de son pays par rapport aux autres nations européennes : ni la noblesse du pays, frivole et décadente, ni sa bourgeoisie, « mesquine et étriquée », ne semblent susceptibles à ses yeux d’incarner le progrès capitaliste. Alors qu’il rédige des articles économiques, il est marqué par le fossé existant entre la théorie économique (classique) et la pratique des agents qu’il côtoie. C’est ce qui le pousse à publier, en 1871, Principles of economics, ouvrage qui lance sa carrière académique. Il publie en 1883, Investigations into the method of the social science with special reference to economics, un ouvrage plus méthodologique, dans lequel il affronte l’école historique allemande. Il prend sa retraite en 1903 et consacre la fin de sa vie à la rédaction d’un grand traité, qu’il n’achèvera pas.

Une science de l’individuel

C. Menger partage avec ses premiers professeurs, les fondateurs de la première école historique allemande, l’idée d’un nécessaire dépassement de l’économie classique anglaise. Mais contrairement à eux, il critique non pas l’universalisme abstrait des lois économiques mises au jour par Adam Smith et David Ricardo, mais leur objectivisme trompeur. Selon C. Menger, l’idée d’une valeur indépendante de toute estimation subjective et corrélée au travail objectivement contenu dans les biens ne permet en rien de saisir les phénomènes économiques concrets. Qui plus est, elle perd de vue le sens même de la théorie économique.