L’egohistoire est un exercice classique dans les milieux universitaires. Celle d’Ernest Renan, Souvenirs d’enfance et de jeunesse, en a fourni le modèle. Le récit de la vocation de l’auteur y prend volontiers l’allure d’une épiphanie ou d’une revanche sociale, dont chaque épisode rétrospectivement fait sens. Mais Jean Guilaine n’est pas tombé dans ce piège-là. Ce grand scientifique, « profondément languedocien », à l’inimitable accent rocailleux qu’il a fait résonner jusque sous la voûte de l’Institut de France, fait ici le « récit topographique » (selon le mot de Daniel Fabre, son préfacier) d’un vagabondage dans les lieux et les souvenirs de son enfance. C’est aussi une généalogie du « désir d’histoire » qui l’a conduit à renouveler nos connaissances sur le Néolithique et les âges des métaux.