Ce que les virus font aux hommes

La pandémie de coronavirus focalise notre attention sur la dangerosité des virus : ils tuent et bouleversent les sociétés. Ils ont aussi des vertus. Sans leur apport à notre génome, notre espèce n’aurait jamais vu le jour.

Homo sapiens est un écosystème bipède : un assemblage composite de 30 000 milliards de cellules humaines mais aussi d’innombrables bactéries et virus. On peut difficilement s’attendre à ce qu’un sondage révèle une perception positive de cette cohabitation forcée, surtout par les temps qui courent. C’est sur le caractère pathogène d’une infime partie des virus répertoriés par la biologie que la pandémie de Covid-19 focalise logiquement l’attention ; et l’effet de loupe, quasi hypnotique, des chaînes d’information continue amplifie le phénomène. Répétés en boucle, les mots « patient zéro », « contamination », « cluster », « confinement »… n’en sont que plus anxiogènes. D’autant que le nouveau coronavirus ne menace pas que nos organismes. À l’heure des échanges mondialisés, il va jusqu’à mettre à mal nos économies, toujours plus interdépendantes, et s’avère même capable de faire plonger les bourses.

Ces étranges ennemis de l’intérieur

Dans l’imaginaire collectif, il y a quelque chose de sournois dans la menace que font peser sur nous les virus, à commencer par leur taille minuscule. Généralement très inférieure à celle des bactéries, elle les rend invisibles non seulement à l’œil nu mais aussi au microscope optique. Il a fallu attendre les années 1930 et l’arrivée du microscope électronique pour qu’enfin on puisse les voir. Avec une taille moyenne de l’ordre de la centaine de nanomètres, ils sont généralement mille fois plus petits que le diamètre d’un cheveu, même s’il existe quelques virus « géants » aussi gros que des bactéries.