Le géohistorien Vincent Capdepuy propose une histoire originale de la steppe aride ou désert qui s’étend entre la Syrie, l’Irak, la Jordanie et l’Arabie saoudite. Originale d’abord par le sujet choisi, celui des marges dont il est difficile de tracer l’histoire. Les habitants de cet espace, Bédouins nomades, sont des vaincus réduits au silence et sédentarisés au fil du 20e siècle après avoir dominé cet espace. Ils ont laissé peu de traces dans les archives, et leur redonner voix pour camper une « histoire à parts égales » ressemble à un de ces mirages qui hantent le désert. L’auteur remédie aux blancs de cette histoire en livrant une narration à rebours, deuxième originalité de l’ouvrage, qui nous entraîne dans un récit remontant le temps. Tout commence en 2009, quand V. Capdepuy termine un de ses voyages en Syrie. Le dernier, il ne le sait pas encore. C’est son ultime journée, et il explore les vides. Nul plan de Damas ne montre que la ville recouvre une grande oasis. Nulle carte ne dévoile les lacs qui autrefois s’étendaient à l’est, où nomadisaient les Bédouins en hiver. Travailler sur les marges, c’est réveiller ce qui a été oublié.