Médecin comme son père, le Français Clément Juglar décide en 1848 d’abandonner cette première profession pour se consacrer à l’économie dans le but de gérer le patrimoine de sa femme. Il en apprend les rudiments en autodidacte, mais se découvre rapidement un certain talent dans la discipline –, ses découvertes sur les cycles économiques seront même le signe d’un « génie », selon Joseph Schumpeter (1883-1950). Nikolaï Kondratieff, de nationalité russe, étudie l’économie à l’université de Saint-Pétersbourg où il tente d’optimiser les questions de productions agricoles grâce aux statistiques. Nommé attaché ministériel de l’approvisionnement durant la révolution d’octobre 1917, il passe par l’Académie agricole de Pierre le Grand en 1919 avant de se voir confier l’année suivante par le gouvernement léniniste la direction de l’Institut de conjoncture de Moscou.
Ces deux auteurs se sont, chacun à leur manière, appliqués à identifier l’existence de cycles économiques, permettant de mieux comprendre l’apparition de crises et de périodes prospères.
Naissance des crises
Quand C. Juglar écrit Des Crises commerciales et leur retour périodique en France, en Angleterre et aux États-Unis (1862), il est l’un des premiers à collecter des relevés statistiques (bilans bancaires, niveau des prix, taux d’intérêts) sur des longues périodes et dans plusieurs pays, méthode qui remplit selon lui beaucoup mieux « les principales conditions d’une démonstration scientifique » que les approximations théoriques et « les assertions toujours discutables » auxquelles s’abaissent d’autres économistes.