Par un après-midi hivernal, à Dijon, six personnes d’âges divers se retrouvent dans une salle du Conseil régional de Bourgogne-Franche-Comté, dans laquelle s’affaire déjà Harald Lhomme. Masque en tissu lui barrant le visage, le jeune homme déploie sur trois tables accolées une feuille blanche d’un mètre de côté sur plus de deux mètres de longueur. Notre future « fresque » ! Car c’est pour un atelier collectif de trois heures intitulé « La fresque du climat » que nous sommes rassemblés. Harald, l’animateur bénévole de cet atelier, expose brièvement le concept : notre groupe va se voir distribuer 42 cartes, en cinq tours successifs, synthétisant des données issues de rapports du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec). À nous d’œuvrer pour placer ces cartes recensant les causes et impacts du changement climatique, de manière à composer progressivement notre fresque.
Un exercice d’intelligence collective
Harald le précise d’emblée, tout en nous dévoilant la première salve de cartes : la méthode d’animation de La fresque du climat consiste à éviter une transmission verticale du savoir. D’abord timides, les participants s’enhardissent sous leurs masques. Quelques mains touchent frénétiquement les cartes, les déplacent sur la toile de papier encore vierge. La conversation s’anime, chacun d’entre nous lève un regard interrogatif vers les autres membres du groupe. L’intelligence collective se met en marche. « Activités humaines », « Émissions de CO2 », « Autres gaz à effet de serre (GES) », « Acidification des océans », « Bilan énergétique », « Déforestation », « Fonte de la banquise », « Forçage radiatif », « Réfugiés climatiques » ? Causes, conséquences ? Comment placer les cartes sur notre fresque ? Harald distille avec pédagogie des informations sur les données du Giec, et nous parvenons, au bout d’une heure et demie, avec de plus en plus d’aisance, à relier les cartes entre elles… Jusqu’à former la fameuse « fresque » donnant une image globale des mécanismes du changement climatique. Il nous faut ensuite relier la quarantaine de cartes, étalées sur notre toile désormais aboutie, par des flèches dessinées au crayon de couleur et y inscrire un message collectif. Cette phase de « créativité » fait la transition entre l’accumulation de données scientifiques et un « tour des émotions » qui clôture l’atelier, où assis en cercle, les participants peuvent émettre chacun leur ressenti.