Pour les pays développés, la seconde moitié du 20e siècle a été le temps de la croissance. En ce début de 21e siècle, les données changent. L’humanité prend conscience qu’il n’y aura pas de croissance inépuisable, mais des arbitrages à faire : permettre à chacun de vivre dignement tout en préservant les capacités de la Terre à nous fournir les ressources nécessaires.
Cela implique de mieux répartir les richesses entre pays et à l’intérieur des pays, de moins polluer, de moins émettre de gaz à effet de serre (GES) et de moins affecter les biotopes. Dans nos sociétés, ces objectifs sont souvent antagonistes ; ainsi les experts doivent tenir compte des différents effets des politiques qu’ils préconisent.
Seules certitudes : les solutions impliquent des arbitrages politiques. Elles ne peuvent être portées que par un consensus entre États, opinions publiques et firmes. Elles seront pluridisciplinaires, car nul champ de savoir ne peut prétendre à lui tout seul résoudre autant de tensions. Enfin, ces solutions impliquent le renforcement des instances internationales afin d’imposer des mesures qui n’ont de sens qu’à l’échelle globale, comme réguler les cryptomonnaies, réglementer les transports internationaux ou encore fixer un prix universel aux émissions de carbone, en utilisant les ressources dégagées pour financer des énergies non émettrices de GES.
Biodiversité : préserver et restaurer
Pour enrayer l’érosion de la biodiversité, les instances internationales et les États se sont engagés dans des initiatives de conservation : il s’agit de protéger des écosystèmes, en les faisant bénéficier de classements de protection. À l’horizon 2030, il est convenu que 30 % de la surface terrestre en bénéficiera. Toutefois, cette protection est souvent insuffisante : la France autorise ainsi la chasse dans l’essentiel des terres qu’elle classe comme protégées ; le Brésil a fait déforester des parcs naturels ; les pays africains, encouragés par les donateurs, expulsent les peuples autochtones des forêts qu’ils habitent et entretiennent, sous prétexte de revenir à une nature vierge fantasmée (réserves naturelles) ou monnayable (terres arables cédées comme actifs financiers, plantations d’arbres supposées capter du carbone…)
Un exemple : des experts préconisent d’apprendre à restaurer les écosystèmes, voire à réensauvager (laisser la nature reprendre le dessus). Il faudrait ainsi permettre aux mangroves et aux forêts sous-marines de kelp (algues géantes), décimées par le développement urbain sur les côtes, de se réimplanter. Car elles accroissent le stockage du carbone, tout en protégeant contre la montée des eaux, et fournissent un habitat à de nombreuses espèces et de la nourriture aux populations côtières.