Le bébé vient au monde armé d’une fantastique machine à apprendre : son cerveau, qui, très tôt déjà, lui permet de détecter certaines régularités dans son environnement. Le bébé apprend par essais-erreurs, en testant concrètement et systématiquement les limites des régularités observées dans son environnement, comme un scientifique 1. Ces premiers apprentissages lui permettent, quelques mois après sa naissance, d’acquérir tout un arsenal de connaissances riches et complexes sur les propriétés physiques des objets et de leurs déplacements dans l’espace, sur le nombre et les opérations arithmétiques, sur les agents et leurs actions, et sur les principes géométriques de l’environnement 2. Les compétences précoces et implicites du bébé laissent des traces dans son cerveau en créant de nouvelles connexions, et/ou en renforçant les connexions existantes entre les neurones des régions qui doivent travailler ensemble. Ces apprentissages sont donc sous-tendus par des mécanismes de plasticité cérébrale qui entraînent des transformations dans les réseaux de neurones activés, dans les fibres nerveuses qui relient les différentes aires cérébrales, et dans le cortex, dont l’épaisseur augmente sous l’effet de la multiplication des connexions.