Pour restaurer la confiance, les États ont promis d’injecter des milliards d’euros pour recapitaliser les banques et garantir les prêts jusqu’à 1500 milliards. Ces chiffres astronomiques nous mettent devant une évidence. Ce n’est pas une psychothérapie de groupe qui peut sauver les banques de la faillite. Les garanties apportées par les Etats européens pour restaurer la confiance ne reposent pas sur une « parole magique », mais sur des garanties concrètes émanant des institutions : l’État, le Trésor, le droit. Ce sont ces garanties qui donnent une assise solide à la confiance et peuvent encourager les banques à reprendre leur activité.
Une fois cette garantie donnée, les acteurs financiers (banques, fonds d’investissements, etc.) vont se former une nouvelle représentation de la situation. C’est ici qu’intervient la dimension « psychologique » ou « subjective », de la confiance. Retrouver la confiance, c’est pour les investisseurs établir une nouvelle évaluation du risque, puis essayer de prévoir la manière dont les autres vont réagir. Manifestement, la mobilisation générale des Etats de l’Eurogroupe et les garanties apportées ont rassuré les marchés, qui sont repartis à la hausse le lundi 13 octobre.
La confiance est donc fondée sur une situation objective (l’intervention des Etats) qui va elle-même conduire à une nouvelle évaluation intersubjective des risques (toutes les banques font une analyse similaire : le danger de faillite est moins fort). Mais c’est encore insuffisant : reste ensuite à traduire cette représentation intersubjective (« je pense que ce risque est maintenant négligeable ») en représentation collective. Car il ne suffit pas que le risque soit objectivement moins fort pour que les acteurs en aient conscience. Il faut également qu’un mouvement collectif s’engage pour que les achats reprennent et que les cours repartent à la hausse.
C’est ici qu’intervient un autre paramètre : le temps et les effets de seuil. La dimension temporelle joue un grand rôle à ce moment du redémarrage. Le lundi 13 au matin, tout le monde retient son souffle. Les cours vont-il repartir ? Si tout le monde est attentiste et prudent et que personne ne s’engage, alors le doute va s’installer, puis le pessimisme. En revanche, si un nombre suffisant d’investisseurs accepte d’acheter des titres et si les banques acceptent de se prêter, alors les cours repartiront à la hausse. Le moment est crucial. Ceux qui sortent de leur tranchée en premier pour acheter prennent le plus de risque. Mais si ça marche, ce sont eux qui gagneront le plus car les cours sont très bas, et c’est le moment de saisir l’opportunité. C’est effectivement ce qui va se passer. C’est le moment idéal qu’ont choisi les prédateurs pour s’attaquer à des valeurs d’actions et à des titres sous-évalués.
Dans les heures qui suivent, c’est l’effet boule de neige. Les bourses asiatiques ouvrent en premier, repartent à la hausse. C’est un nouvel indicateur positif. Une fois le mouvement enclenché, alors la dynamique vers la hausse est à l’oeuvre. A 9 heures, Paris ouvre à la hausse, les autres places européennes (Londres, Francfort…) lui emboîtent le pas. Chaque hausse d’une place sert de tremplin pour les autres places. Le Dow Jones s’ouvre huit heures plus tard, crève lui aussi les plafonds en fin de journée : + 11 %. En fin de journée c’est « l’euphorie » sur toutes les places. On respire, on sourit, la « confiance » est revenue.
Résumons : on ne saurait interpréter la confiance uniquement en terme de « croyances collectives » et de « prophétie auto-réalisatrice ». La confiance est revenue d’abord grâce à une décision des États qui a changé objectivement la donne en limitant les risques. Puis cette situation a été perçue subjectivement par les acteurs, ce qui a provoqué l’effet d’entraînement, non plus vers le bas, mais vers le haut. Enfin, pour endiguer la chute des marchés, il a fallu insuffler une dynamique de groupe qui fasse apparaître à tous et à chacun que l’on se « mettait à y croire » à nouveau. A travers ces trois étapes, on retrouve trois approches de la finance et de l’économie, qui peuvent s’appliquer également aux institutions sociales.
Une approche « idéaliste » qui aborde l’économie en termes de conventions assimilées à des « représentations collectives ». La confiance n’est qu’une question de représentation et la crise, une crise de représentations.
L’autre approche « réaliste » suppose que l’économie repose sur des « fondamentaux » : des institutions politiques, des relations sociales qui garantissent la valeur d’un bien. Pour les tenants de cette approche, la confiance a un prix : 1 400 milliards d’euros.
Une approche dynamique enfin qui montre comment se créent les dynamiques de croyance collective par effet de seuil et processus de cristallisation.
Durant la crise financière de ces derniers jours, ces trois approches se sont combinées pour restaurer provisoirement ce fluide magique qu’on appelle la « confiance ».
Une fois cette garantie donnée, les acteurs financiers (banques, fonds d’investissements, etc.) vont se former une nouvelle représentation de la situation. C’est ici qu’intervient la dimension « psychologique » ou « subjective », de la confiance. Retrouver la confiance, c’est pour les investisseurs établir une nouvelle évaluation du risque, puis essayer de prévoir la manière dont les autres vont réagir. Manifestement, la mobilisation générale des Etats de l’Eurogroupe et les garanties apportées ont rassuré les marchés, qui sont repartis à la hausse le lundi 13 octobre.
La confiance est donc fondée sur une situation objective (l’intervention des Etats) qui va elle-même conduire à une nouvelle évaluation intersubjective des risques (toutes les banques font une analyse similaire : le danger de faillite est moins fort). Mais c’est encore insuffisant : reste ensuite à traduire cette représentation intersubjective (« je pense que ce risque est maintenant négligeable ») en représentation collective. Car il ne suffit pas que le risque soit objectivement moins fort pour que les acteurs en aient conscience. Il faut également qu’un mouvement collectif s’engage pour que les achats reprennent et que les cours repartent à la hausse.
C’est ici qu’intervient un autre paramètre : le temps et les effets de seuil. La dimension temporelle joue un grand rôle à ce moment du redémarrage. Le lundi 13 au matin, tout le monde retient son souffle. Les cours vont-il repartir ? Si tout le monde est attentiste et prudent et que personne ne s’engage, alors le doute va s’installer, puis le pessimisme. En revanche, si un nombre suffisant d’investisseurs accepte d’acheter des titres et si les banques acceptent de se prêter, alors les cours repartiront à la hausse. Le moment est crucial. Ceux qui sortent de leur tranchée en premier pour acheter prennent le plus de risque. Mais si ça marche, ce sont eux qui gagneront le plus car les cours sont très bas, et c’est le moment de saisir l’opportunité. C’est effectivement ce qui va se passer. C’est le moment idéal qu’ont choisi les prédateurs pour s’attaquer à des valeurs d’actions et à des titres sous-évalués.
Dans les heures qui suivent, c’est l’effet boule de neige. Les bourses asiatiques ouvrent en premier, repartent à la hausse. C’est un nouvel indicateur positif. Une fois le mouvement enclenché, alors la dynamique vers la hausse est à l’oeuvre. A 9 heures, Paris ouvre à la hausse, les autres places européennes (Londres, Francfort…) lui emboîtent le pas. Chaque hausse d’une place sert de tremplin pour les autres places. Le Dow Jones s’ouvre huit heures plus tard, crève lui aussi les plafonds en fin de journée : + 11 %. En fin de journée c’est « l’euphorie » sur toutes les places. On respire, on sourit, la « confiance » est revenue.
Résumons : on ne saurait interpréter la confiance uniquement en terme de « croyances collectives » et de « prophétie auto-réalisatrice ». La confiance est revenue d’abord grâce à une décision des États qui a changé objectivement la donne en limitant les risques. Puis cette situation a été perçue subjectivement par les acteurs, ce qui a provoqué l’effet d’entraînement, non plus vers le bas, mais vers le haut. Enfin, pour endiguer la chute des marchés, il a fallu insuffler une dynamique de groupe qui fasse apparaître à tous et à chacun que l’on se « mettait à y croire » à nouveau. A travers ces trois étapes, on retrouve trois approches de la finance et de l’économie, qui peuvent s’appliquer également aux institutions sociales.
Une approche « idéaliste » qui aborde l’économie en termes de conventions assimilées à des « représentations collectives ». La confiance n’est qu’une question de représentation et la crise, une crise de représentations.
L’autre approche « réaliste » suppose que l’économie repose sur des « fondamentaux » : des institutions politiques, des relations sociales qui garantissent la valeur d’un bien. Pour les tenants de cette approche, la confiance a un prix : 1 400 milliards d’euros.
Une approche dynamique enfin qui montre comment se créent les dynamiques de croyance collective par effet de seuil et processus de cristallisation.
Durant la crise financière de ces derniers jours, ces trois approches se sont combinées pour restaurer provisoirement ce fluide magique qu’on appelle la « confiance ».