Les jeunes des années 1960 parlaient de « flirt » et aujourd’hui, deux générations plus tard, ils cultivent le crush. Ces deux anglicismes se ressemblent, mais disent-ils la même chose du rapport amoureux ? Christine Détrez, professeure de sociologie à l’ENS-Lyon, a pris au sérieux ce terme qui se diffuse en France depuis une dizaine d’années et a même fait son entrée dans le dictionnaire Le Robert. Que désigne-t-il exactement ? Un béguin, un coup de cœur secret pour quelqu’un qui plaît ? Un fantasme d’amour qui se nourrit d’imaginaire, entre rêve et obsession ? Oui, mais pas seulement : en plus d’être l’expression d’une attirance, le crush est « aussi une pratique culturelle, qui signale l’appartenance à l’adolescence », en particulier chez les jeunes filles, chez lesquelles il constitue une sorte de passage obligé, au même titre que le maquillage et le vêtement fashion. Mieux, c’est entre les jeunes filles que le crush se vit, car il n’a de réalité que grâce aux conversations qu’il alimente, tout en contribuant en retour à renforcer les liens d’amitié.