D'où vient le mal ?

La question du mal, canonique en philosophie, pourrait sembler dépassée, comme celle de l’âme ou du beau, catégories ayant perdu leur consistance. Le concept du mal paraît trop large au regard des approches psychologiques et pathologiques concrètes, ou bien trop singulier, quand il stigmatise le « mal absolu » que fut la Shoah. Ce crime de masse incarne néanmoins l’exemple même du mal contemporain, tout comme le tremblement de terre de Lisbonne (1755) fut celui des philosophes des Lumières. C’est entre ces deux balises, Lisbonne et Auschwitz, que Susan Neiman place sa réflexion, faisant du mal « un principe directeur plus probant que d’autres pour comprendre l’histoire de la philosophie ».