Sciences Humaines : Vous venez de coordonner un livre sur les conduites à risque chez les adolescents. En quoi consistent-elles ? Quel est l'ampleur du phénomène ?
David Le Breton : Selon le Baromètre santé jeunes 1997-1998, un peu plus de 15 % des jeunes interrogés déclaraient avoir fait quelque chose, selon eux, de risqué par plaisir ou par défi lors des douze derniers mois. Les garçons sont deux fois plus nombreux que les filles. Les conduites à risque sont par ailleurs plus fréquentes chez les adolescents appartenant à des familles recomposées ou monoparentales. Cependant, nombre de conduites perçues comme à risque par les jeunes relèvent davantage de petites transgressions : prendre un bus sans payer, conduire sans permis, imiter la signature des parents. Il s'agit là des tentatives de prise d'autonomie à l'égard des parents, une recherche de sensations. Elles sont à distinguer des actions développées par le jeune, seul ou avec d'autres, qui mettent son existence en danger physique ou moral : usage de drogue, rodéos, surconsommation d'alcool, pratiques sexuelles sans préservatif, etc. Ces conduites concernent une minorité d'adolescents mais elles sont en augmentation.